Mieux communiquer pour bien éduquer

J'évoque régulièrement la Communication Non Violente, développée par Marshall ROSENBERG, psychologue américain. L'article suivant en reprend les notions clés, et Isabelle FILLIOZAT, psychothérapeute, propose ensuite des outils simples pour répondre avec bienveillance aux émotions de l'enfant.

 

 

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 Trouver le bon ton avec vos enfants

 

"Elever un enfant est difficile...alors l'élever en le comprenant, c'est tout un défi! Pourtant, de récentes recherches démontrent que le cerveau se développe mieux dans la bienveillance. Apprendre à bien communiquer avec votre enfant facilitera sa vie et la vôtre. Comment définir les limites avec votre enfant, tout en faisant preuve de compréhension? C'est toute la difficulté du rôle de parent. 

 

Depuis des millénaires, la bonne éducation est de croire que punir l'enfant va lui permettre de grandir. Or, les découvertes scientifiques nous prouvent le contraire. Par ces mots, Catherine GUEGUEN, pédiatre spécialisée dans le soutien aux parents, résument les travaux récents des chercheurs sur le cerveau. Leur constat est simple : plus on se comporte avec bienveillance avec un enfant, mieux son cerveau se développera. L'enfant petit est fragile et influençable. Il n'a pas de mauvaises intentions. En revanche, il a besoin de modèles positifs sur lesquels s'appuyer. Il cherche avant tout à bien faire. Et cela, c'est nouveau ! Autrefois, on pensait que l'enfant était une sorte de petit sauvage qui devait être corrigé, qui cherchait sans arrêt à tester les limites de ses parents. C'est tout l'inverse, décrypte la pédiatre. L'enfant veut bien faire, même si parfois il n'en donne pas l'impression! Cela est lié à l'immaturité de son cerveau. Et les découvertes scientifiques sont formelles : avant 5 ou 6 ans, le petit est incapable de gérer lui-même sa colère, sa peur. Son cerveau ne sait tout simplement pas encore le faire.

 

Les recherches montrent également que l'ambiance dans laquelle vit l'enfant est déterminante pour son futur. S'il vit de la colère, s'il entend crier, il sera en colère et criera. Son cerveau sera comme programmé pour cela. A l'inverse, si on essaie de le comprendre, on sera étonné du résultat. Etre bienveillant, d'accord, mais dans la vie de tous les jours, comment faire si l'enfant n'écoute pas, s'il dépasse les limites? Et comment faire si les parents eux-mêmes n'ont pas reçu cette bienveillance lorsqu'ils étaient petits? Il est parfois difficile de donner ce qu'on n'a pas reçu. Elever un enfant est complexe. Les parents sont fatigués par leur travail, par le stress, ils n'ont pas toujours la patience, et c'est compréhensible. Il ne s'agit pas de juger, bien au contraire. Tous les parents ont des difficultés, ne restez pas isolés, parlez-en. Parfois, dans des groupes de parole, c'est plus facile. Une chose importante à retenir parmi les toutes dernières découvertes : le cerveau est malléable. Cela signifie que, même si l'enfant a vécu des choses difficiles, il est toujours temps de rectifier le tir, si l'on en prend conscience. Dans une certaine mesure, et si les traumatismes n'ont pas été trop lourds, le cerveau peut être reprogrammé. L'empathie s'apprend à tout âge."

 

 

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12 Outils pour répondre avec bienveillance aux émotions intenses de l'enfant

 

  1. Réaliser que tous les comportement ont une raison dʼêtre. Plutôt que de chercher à réduire ou modifier un comportement, mieux vaut tenter de répondre à la cause de ce comportement (généralement un besoin non satisfait), qui est déjà la réponse de lʼenfant à un problème. Nourrir le besoin non satisfait donnera beaucoup plus de résultat que de punir.
  2. Tenter de rester calme : trouver votre moyen de gérer vos propres émotions : respirer amplement, compter jusquʼà 10...
  3. Se rappeler que ses crises lui permettent de vider son trop plein de tensions : au lieu de continuer à les accumuler, il sʼen débarrasse, cʼest mieux pour tout le monde !
  4. Lʼécouter attentivement : il a besoin de savoir quʼil est entendu (lʼentendre ne veut pas dire valider son comportement). Pour cela, se mettre à sa hauteur, le regarder et rester silencieux (si cʼest vous qui parlez, il ne pourra pas sʼexprimer). On peut aussi utiliser les «accusés de réception» pour lui montrer quʼon l'écoute attentivement : «ah?», «hmmm», «Je vois» etc. (Faber & Mazlish)
  5. Verbaliser ses émotions et tenter de découvrir ce qui se passe dans son cœur. On peut lui dire : « tu es vraiment, mais vraiment très en colère !», «Tu nʼas pas aimé du tout que je te dise non». Lʼaider à reconnaitre ce quʼil vit intérieurement, mettre des mots sur ses émotions, lui permet de sʼapaiser. Cʼest la base de «lʼintelligence émotionnelle». Alors user et abuser de cet outil (même lorsque lʼenfant ne parle pas encore) : vous lui apprendrez ainsi à savoir le faire tout seul en grandissant. Il est prouvé aujourdʼhui que les personnes ayant les meilleures capacités à gérer cette intelligence émotionnelle sont les plus heureuses !
  6. Utiliser votre «baguette magique» imaginaire : « Jʼaimerais avoir le pouvoir de remplir cette pièce de tous tes légos préférés !», « Si je faisais apparaître des boissons devant toi, tu prendrais laquelle ? Moi je prendrais le sirop de fraise, que jʼavalerais avec au moins 10 pailles !». En rentrant dans son jeu avec humour, vous désamorcez sa colère. Il sait que cʼest «pour de faux», mais se sentir «compris» lʼapaise ! (Faber & Mazlish)
  7. Ce nʼest pas parce que vous le laissez exprimer ses émotions, quʼil peut tout faire. Rappelez-lui souvent la règle «personne nʼa le droit de frapper lʼautre ! Taper, ça fait mal !». 
  8. Au lieu de lui dire uniquement ce quʼil nʼa pas le droit de faire, dîtes lui aussi ce quʼil peut faire : «quand on est en colère, on peut aller se défouler sur le coussin à colère ou sur son lit!» ou «Tu peux dessiner ta colère». Montrez-lui comment faire les premières fois: « Moi, si on mʼavait fait cela, je serai en colère comme ça»... et vous dessinez votre colère sur une feuille puis la froissez ou la déchirez. En lui montrant des moyens «humains» de gérer ses émotions, vous lʼaiderez à se les approprier.
  9. Apprenez-lui des mouvements anti-stress : En cas de crise, je peux respirer amplement avec le ventre, faire la poupée de chiffon toute molle, mʼétirer vers le plafond, me passer les mains sous lʼeau etc. Toutes ces actions ont un effet physiologique qui apaise.
  10. Si la crise est trop forte et quʼil ne se contrôle plus, ce nʼest peut être pas de la colère, mais plus vraisemblablement une surcharge de tension : contenez-le dans vos bras. Serrez-le ni trop fort (il ne sʼagit pas de lui faire mal), ni trop faiblement (pour lʼempêcher de SE faire mal). En construisant ainsi une «barrière protectrice», vous lʼaidez à se rassembler, à lâcher ses tensions sans se désorganiser.
  11. Pendant les crises «en public» demandez-vous : Quʼest ce qui est plus important : le regard dʼillustres inconnus, ou lʼapprentissage des règles et le développement psychologique de votre enfant ? Mettrez des mots sur ses émotions, essayez de découvrir le besoin insatisfait et contenez-le sʼil fait une «décharge de tension». La meilleure manière dʼévitez ce genre de crises est dʼoccuper le cerveau de lʼenfant : donnez-lui des petites «missions» si vous êtes au supermarché, et prévoyez des activités qui lʼoccupent si vous êtes chez quelquʼun ou dans une salle dʼattente.
  12. Vous venez dʼénoncer la règle, mais il recommence ! Ne pensez pas que cʼest pour vous provoquer : pour assimiler la règle, le petit enfant a besoin de son corps (reproduire le geste) pour sʼen imprégner. Arrêtez gentiment son geste et dîtes lui «oui, cʼest exactement cela... tu as très bien compris ce que tu ne dois pas faire (écrire sur les murs, taper...), maintenant tu écris sur le papier/tu tapes sur le coussin» : on réoriente en positif, car il y a de fortes chances quʼon nʼait exprimé que du négatif au moment dʼénoncer le règle («on nʼécrit pas sur les murs, on ne tape pas...»). 

 

 « Tous les sentiments sont légitimes, tous les comportements ne le sont pas ! » (Haim Ginott)